Les types de lésions précancéreuses du col de l’utérus
Le cancer du col de l’utérus est une maladie grave, mais qui fait partie des pathologies dites évitables, dont il est possible de se prémunir en adoptant les gestes de prévention adéquats.
En France, une campagne de dépistage nationale a été déployée afin de diagnostiquer précocement la maladie, ce qui permet habituellement de la traiter plus efficacement et offre un meilleur pronostic.
Le dépistage du cancer du col de l’utérus permet notamment de mettre en évidence des lésions précancéreuses et de les traiter avant qu’elles ne deviennent invasives.
Qu’est-ce qu’une lésion précancéreuse du col de l’utérus?
Une lésion précancéreuse est une dysplasie (anomalie cellulaire) qui n’est pas cancéreuse, mais présente un potentiel malin, c’est-à-dire la capacité d’évoluer en cancer.
Habituellement, il n’est pas possible d’avoir la certitude qu’une dysplasie précancéreuse évoluera un jour en cancer. On peut toutefois estimer les risques au cas par cas en fonction du type de dysplasie diagnostiqué.
Lésion précancéreuse papillomavirus : infection du col de l’utérus
Les lésions précancéreuses du col de l’utérus sont habituellement provoquées par une infection au papillomavirus, une famille de virus très courants, qui se transmettent essentiellement au cours des relations sexuelles.
À l’heure actuelle, environ 200 types de papillomavirus ont été identifiés, et environ une dizaine d’entre eux sont des oncogènes (facteurs de cancer) avérés.
Si certains papillomavirus oncogènes sont à faible risque de provoquer un cancer, d’autres sont beaucoup plus dangereux : le type 16, à lui seul, est responsable de plus de 50 % de tous les cancers du col de l’utérus.
Il est important de noter que les papillomavirus sont hautement contagieux, et que toute personne ayant une vie sexuelle sera probablement infectée au moins une fois dans sa vie.
Il existe des vaccins efficaces contre les papillomavirus qui réduisent drastiquement les risques de souffrir d’un cancer du col de l’utérus un jour.
Les différentes lésions précancéreuses du col de l’utérus
On distingue différents types de lésions précancéreuses du col de l’utérus en fonction des cellules atteintes et de leur localisation dans les tissus cervicaux.
Le col de l’utérus est composé de deux parties, l’endocol et l’exocol. L’endocol est tapissé d’une muqueuse nommée épithélium glandulaire, et l’exocol est recouvert d’une autre muqueuse, l’épithélium malpighien.
La jonction entre ces deux types d’épithélium, qui délimite la frontière entre l’exocol et l’endocol, est le site privilégié d’apparition des lésions précancéreuses. Ce sont habituellement les cellules de l’exocol qui sont touchées.
Les dysplasies de l’exocol sont nommées néoplasies cervicales intraépithéliales (CIN). Le terme de néoplasie fait référence à l’apparition d’une nouvelle lésion, masse ou anomalie résultant d’une prolifération cellulaire anormale.
On distingue trois types de CIN classifiés en fonction de leur grade, à savoir de leur dangerosité (propension à évoluer en cancer).
Les lésions précancéreuses de type CIN1 affectent un tiers de l’épithélium. Les types CN2 touchent deux tiers de l’épithélium, et les types CN3 affectent la totalité de l’épithélium.
Une classification plus récente divise les dysplasies cervicales en deux types seulement : celles de bas grade et celles de haut grade. Les CN1 sont considérés comme de bas grade, et les CN2 et 3 comme de haut grade.
Le type le plus fréquent de lésion précancéreuse atteignant les tissus de l’endocol (épithélium glandulaire) est l’adénocarcinome in situ. Il s’agit d’une dysplasie de haut au grade, avec un fort potentiel cancéreux.
L’évolution des lésions précancéreuses de l’utérus
Si la quasi-totalité des cancers du col de l’utérus provient de lésions précancéreuses provoquées par une infection au papillomavirus, l’inverse n’est pas vrai, et la plupart des lésions précancéreuses dues au papillomavirus n’évoluent heureusement pas en cancer.
Toutefois, le cancer du col de l’utérus étant une maladie grave, au pronostic encore délicat, il est important de traiter toutes lésions précancéreuses en fonction de leur niveau de risque.
En cas de lésion précancéreuse de faible grade, une simple surveillance peut suffire, mais la lésion ne doit pas être ignorée ou négligée.
Les infections à papillomavirus sont habituellement asymptomatiques et impossibles à déceler sans un examen de dépistage spécifique. Environ 90 % des personnes infectées éliminent naturellement le virus.
C’est habituellement en cas d’infection persistante, lorsque le virus est toujours présent après 2 ans, que des lésions précancéreuses apparaissent.
Les statistiques de référence en matière d’évolution des lésions précancéreuses du col de l’utérus établissent des données générales qui peuvent orienter leur prise en charge au cas par cas.
Les CIN1 régressent spontanément dans 57% des cas, persistent au même stade dans 32 % des cas, évoluent au stade suivant dans 11 % des cas et évoluent en cancer dans 1 % des cas.
Pour les CN2, 43 % d’entre elles régressent spontanément, 35% persistent, 22 % passent au stade suivant et 5 % provoquent un cancer du col de l’utérus.
Enfin, 32 % des CN3 régressent spontanément, 56 % persistent sans engendrer de cancer et 12 % évoluent en cancer du col de l’utérus.