L’impact psychologique et la place du partenaire dans la décision d’une reconstruction mammaire
Si le cancer du sein est le plus répandu chez les femmes en France, seule une minorité de patientes choisit de procéder à une reconstruction mammaire pour atténuer les séquelles esthétiques causées par les traitements mis en œuvre pour lutter contre la maladie, et notamment l’ablation du sein.
Bien que le choix de recourir ou non à une opération de reconstruction mammaire demeure personnel, il est important d’identifier les facteurs pouvant impacter la prise de décision des patientes afin de leur proposer un accompagnement performant.
L’impact de la reconstruction mammaire sur le bien-être des patientes
L’annonce et la prise en charge du cancer du sein constituent des épreuves pouvant significativement nuire au bien-être des femmes atteintes par cette maladie.
Les risques létaux encourus, d’une part, sont une source d’anxiété et de mal-être prédominants, d’autant que la maladie est désormais considérée comme chronique, ce qui conduit bien des femmes à vivre avec le sentiment d’une menace permanente.
D’autre part, les thérapies mises en œuvre pour faire face au cancer du sein se doivent d’être aussi agressives que la maladie, et peuvent susciter la crainte des patientes presque autant que le cancer lui-même.
Parmi les thérapies de première ligne, l’ablation totale ou partielle du sein (mastectomie) est presque incontournable pour offrir aux patientes un pronostic satisfaisant.
Or, dans nos sociétés, le sein est considéré comme un symbole de féminité, et sa perte tend à avoir des impacts conséquents sur l’estime de soi et le rapport aux autres, autant d’aspects pouvant grandement entraver le retour à une vie normale post-traitement.
La reconstruction mammaire s’impose comme une thérapie à part entière, visant à minimiser les impacts psychosociaux de l’amputation d’un sein.
De fait, cette intervention vise à réduire les séquelles esthétiques laissées par la mastectomie afin d’améliorer la qualité de vie des patientes sur long terme et de les aider à surmonter l’angoisse de cette menace permanente.
La place du partenaire dans la décision d’une reconstruction mammaire
Les conséquences de la mastectomie tendent à se faire ressentir davantage dans l’intimité, et, en conséquence, sur la vie de couple des femmes atteintes du cancer du sein.
Une étude révèle que le partenaire semble avant tout jouer un rôle de soutien, et non de conseiller, dans la prise de décision d’une reconstruction mammaire.
Les patientes tendent à impliquer davantage leur partenaire lorsqu’il s’avère compréhensif et que son soutien est inconditionnel.
Aussi, l’intervention du conjoint ne semble pas faire pencher la balance en faveur ou en défaveur de la reconstruction mammaire, mais permettrait de rassurer la patiente sur sa féminité et son acceptation d’elle telle qu’elle est, afin qu’elle puisse prendre une décision potentiellement plus en accord avec son ressenti personnel.
En définitive, les patientes ayant opté pour une reconstruction mammaire se disent en moyenne plus satisfaites sur le plan de la sexualité que celles ayant refusé cette intervention, sans toutefois que la différence soit significative.
Le recours à une reconstruction mammaire ne semble pas impacter les difficultés sexuelles que peuvent rencontrer les patientes après leur traitement, ni l’état de leur intimité conjugale.
L’impact psychologique dans la décision d’une reconstruction mammaire
La perception de leur corps, de la féminité et de la sexualité est un des motifs de reconstruction mammaire les plus souvent évoqués chez les femmes qui font le choix de cette intervention.
Les patientes expriment le désir de retourner à une vie normale, qui leur permet de prendre de la distance avec la maladie et les épreuves qu’elles ont vécues.
On retrouve une forte incidence du concept de « norme », qui peut induire une potentielle crainte du regard d’autrui et de l’exclusion avec un corps profondément modifié par les traitements, la perte d’un sein pouvant être vécue comme une altération de leur identité de femme.
Chez les femmes qui refusent la reconstruction mammaire, les motifs les plus évoqués sont essentiellement relatifs à la crainte des effets secondaires à long terme et de la lourdeur des interventions chirurgicales nécessaires.
En définitive, les femmes ayant opté pour la reconstruction mammaire semblent aussi satisfaites que celles l’ayant refusé, et on n’observe pas de regrets réellement prédominants dans l’une ou l’autre de ces catégories.
Les femmes n’ayant pas subi de reconstruction mammaire sont toutefois moins satisfaites des résultats de leur mastectomie que les autres, mais affirment qu’elles feraient le même choix s’il se posait à nouveau.
L’identification des motifs de refus d’une reconstruction mammaire est essentielle pour offrir aux femmes un accompagnement adapté, leur permettant de prendre la meilleure décision pour leur bien-être psychosocial à long terme.
Aujourd’hui, il semblerait que l’équipe médicale soit l’interlocuteur de référence auprès des patientes, et son rôle s’avère prédominant dans la prise de décision d’une reconstruction mammaire.
Le partenaire demeure toutefois un soutien indispensable, non pas à titre de décideur, mais dans le rôle de support permettant de conforter la patiente dans son choix.
Ces constats constituent des pistes de travail pour mettre en œuvre, à l’avenir, un accompagnement permettant aux femmes de se détacher de l’avis médical.
L’objectif est ainsi de permettre aux patientes de faire un choix plus autonome, qui leur apportera davantage de satisfaction sur le plan personnel et psychosocial, tout en bénéficiant de toutes les informations nécessaires à une prise de décision éclairée.
(SOURCE : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-10/cadrage_information_rm.pdf ; https://www.chumontreal.qc.ca/sites/default/files/2018-06/369-2-Reconstruction-mammaire-apres-un-cancer.pdf ; https://core.ac.uk/download/pdf/322320182.pdf )