Impact des traitements hormonaux de la ménopause sur le risque de cancers du sein
La ménopause provoque l’apparition de nombreux symptômes engendrant des gênes allant d’un inconfort modéré à des désagréments très handicapants chez la femme.
Pour soulager ces symptômes et accompagner les femmes durant les changements que subissent leurs corps lors de ce phénomène, des traitements hormonaux peuvent être mis en œuvre.
Cependant, une étude publiée en août 2019 par The Lancet affirme que ces traitements augmenteraient le risque de développer un cancer du sein.
Ménopause et cancer du sein
La ménopause est un phénomène physiologique naturel et inéluctable, qui se caractérise par la perte de la fertilité et l’arrêt définitif du cycle menstruel.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la ménopause n’engendre pas seulement des changements au niveau de l’appareil reproducteur, mais provoque des troubles touchant l’ensemble de l’organisme.
Survenant généralement entre 45 et 55 ans, la ménopause est provoquée par l’arrêt progressif du fonctionnement des ovaires, qui entraîne une baisse du taux d’œstrogènes et de progestérone dans le corps de la femme.
Différents symptômes se manifestent alors : bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, insomnies, douleurs articulaires et troubles génito-urinaires.
Ces troubles sont dus à la diminution des œstrogènes qui interviennent dans le mécanisme permettant au corps de maintenir sa température constante et impactent le fonctionnement des organes sexuels et urinaires.
De nombreuses femmes suivent alors un traitement hormonal substitutif (THS) destiné à atténuer ces symptômes pour mieux traverser cette période de leur vie.
Or, environ 60% à 70% des cancers du sein sont hormonodépendants, ce qui signifie qu’ils sont sensibles aux hormones sexuelles (œstrogènes et progestérones) que l’on retrouve sous forme synthétique dans les THS.
Dans ce cas, les cellules cancéreuses conservent leurs récepteurs hormonaux, ceux-ci pouvant même devenir anormalement nombreux, et sont donc stimulées par les hormones.
De fait, l’utilisation de traitements hormonaux fait débat depuis longtemps, que ce soit dans le cadre de la ménopause ou de la contraception (pilule contraceptive).
Traitements hormonaux et cancer du sein : une corrélation statistique
Pour faire la part des choses entre mythes et faits scientifiques, des chercheurs britanniques ont mené la plus grande étude de données jamais réalisée sur le lien entre THS et cancer du sein.
24 études ont été croisées et analysées, portant sur les données de 108 647 femmes ménopausées présentant un cancer du sein.
L’étude démontre qu’une femme de 50 ans qui suit pendant 5 ans un THS composé de progestérone et d’œstrogènes en continu a 8,3% de risques de développer un cancer du sein, quand une femme présentant le même profil, mais ne poursuivant aucun traitement, ne présente de 6,3% de risque.
Une donnée qui n’est pas anecdotique, puisque cela représente un risque accru de 60% pour les femmes suivant un THS.
Concernant les femmes suivant un THS par intermittence sur une durée de cinq ans, le taux de risque chute à 7,7 %, ce qui demeure toujours plus élevé que chez les femmes ne prenant pas de traitement.
Enfin, l’accroissement du risque est plus faible (6,8%), mais toujours présent, chez les femmes suivant un traitement hormonal de substitution uniquement à base d’œstrogènes.
L’étude conclut également que les risques sont proportionnels à la durée du traitement, le taux de risque pouvant doubler chez les femmes suivant un THS sur 10 ans par rapport à celles suivant ce même traitement sur 5 ans.
Il apparaît également que les traitements locaux (pommades, crèmes) à base d’œstrogènes et les THS suivis durant 1 an ou moins n’entraînent pas ou peu d’augmentation du risque.
(SOURCE : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)31709-X/fulltext)
L’augmentation du risque confirmée par une étude Américaine
Par ailleurs, l’étude américaine WHI (Women’s Health Initiative) menée en 2002 avait déjà jeté une ombre au tableau en démontrant statistiquement une augmentation du risque chez les femmes suivant un THS.
Cette étude a entraîné une modification des prescriptions au sein du corps médical, qui s’est mis à réserver les THS aux troubles majeurs, dans des doses minimes et sur des périodes plus courtes.
Dans les années suivantes, on a pu observer une baisse des cancers du sein de 6,6%, qui entre en corrélation avec un recul de 62% des prescriptions de THS, qui était auparavant distribué à environ 25% des femmes.
Les données publiées dans The Lancet et les observations émises par d’autres études au sujet d’une corrélation entre les traitements prescrits lors de la ménopause et le cancer du sein sont purement statistiques.
Il n’y a donc pas encore, à ce jour, d’études scientifiques sur les mécanismes physiologiques expliquant avec certitude l’impact des THS sur l’apparition et l’évolution du cancer du sein.
Pour autant, les chiffres demeurent parlants, d’autant plus parce qu’ils sont appuyés par une étude de grande ampleur sur un échantillon conséquent, et ne peuvent être ignorés.
Ce type d’étude ne sonne pas le glas des traitements hormonaux pour autant, mais apporte des éléments permettant de mieux étudier leur rapport bénéfices/risques.