Le cancer du sein chez la femme de moins de 30 ans
Le cancer du sein touche en France environ 54 000 femmes chaque année. Si la mortalité a diminué grâce notamment aux progrès thérapeutiques, son incidence, elle, ne cesse d’augmenter, dans toutes les tranches d’âge. S’il touche la plupart du temps les femmes ménopausées, il est bon de rappeler que le cancer du sein survient aussi chez les femmes jeunes, voire très jeunes, et peut toucher les moins de 30 ans.
Les caractéristiques du cancer du sein chez la femme de moins de 30 ans
Un dépistage difficile
La difficulté pour cette tranche d’âge sensible réside dans son dépistage. Il n’existe pas de dépistage systématique organisé chez les femmes jeunes, hormis dans le cas où la patiente présente des prédispositions génétiques. C’est souvent suite à une autopalpation que la patiente découvre une masse dans son sein, ce qui l’incite à consulter un médecin. À ce moment-là, la maladie a déjà progressé et le diagnostic peut se faire plus tardivement que lors des dépistages systématiques. Par ailleurs, suite à la découverte d’un nodule dans le sein, le corps médical ne suspecte pas systématiquement une tumeur maligne au vu du jeune âge de la patiente.
La mammographie peut être également difficile à interpréter chez ces jeunes femmes qui ont des seins plus denses, notamment en phase prémenstruelle du cycle ou en période d’allaitement. Une échographie mammaire complémentaire doit être réalisée systématiquement.
Un cancer agressif
Une des principales spécificités du cancer du sein chez la femme âgée de moins de 30 ans est sa forme particulièrement agressive. Les cellules tumorales se propagent plus rapidement chez les personnes actives, et influent directement sur l’évolutivité de la maladie.
Le type de tumeur le plus souvent diagnostiqué chez ces jeunes femmes est le carcinome canalaire infiltrant, souvent de haut grade. Les récepteurs hormonaux ne sont présents que dans la moitié des cas environ. Le taux de survie à 5 ans est ainsi plus faible que pour un cancer hormono-dépendant. Cette forme agressive augmente aussi le risque de récidive locale.
Les origines
Se pose la question d’une origine génétique ou hormonale pour ces cancers chez les très jeunes femmes. Plusieurs facteurs pourraient influencer sa survenue, comme des prédispositions génétiques dans certains cas (porteuse de la mutation BRCA1 ou BRCA 2).
La contraception orale n’aurait pas d’incidence sur la survenue de ce type de cancer, mais pourrait avoir une influence sur une tumeur préexistante.
Plusieurs facteurs pourraient influencer la survenue du cancer du sein chez les très jeunes femmes, comme des prédispositions génétiques dans certains cas
Cancer du sein chez la femme de moins de 30 ans : les traitements
Plan thérapeutique
Chez ces jeunes patientes, les traitements (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie) seront plus agressifs que chez les femmes de 50 ans. Une chimiothérapie néoadjuvante est souvent réalisée de façon à réduire le volume de la tumeur avant une chirurgie conservatrice du sein, dans le but de préserver quand cela est possible le sein de la patiente.
Les traitements hormonaux sont rarement envisagés du fait du caractère non hormono-dépendant de la plupart des tumeurs.
Le risque de récidive reste plus élevé chez les patientes ayant subi une chirurgie conservatrice, contrairement à celles qui ont bénéficié d’une mastectomie.
Une prise en charge délicate
La difficulté chez ces jeunes patientes est de concilier cancer et désir de grossesse, ou l’existence d’une grossesse au moment du diagnostic.
Une grossesse déjà en cours peut accélérer la progression de la maladie. Il peut être nécessaire, selon le stade de la grossesse au moment du dépistage, de faire des choix difficiles. Il peut parfois être envisagé pour une patiente en début de grossesse, de mettre un terme à sa grossesse afin d’éviter une évolution précipitée de la maladie, et de pouvoir traiter le plus rapidement possible.
Chez la jeune maman, l’allaitement peut entraîner des difficultés de diagnostic du fait de son influence sur la densité des seins.
Par ailleurs, la prise en charge thérapeutique peut avoir une incidence sur la fertilité ultérieure. La chimiothérapie adjuvante induit une ménopause précoce chez 30 % des jeunes patientes dans les deux années qui suivent ce traitement. Dans le cas des tumeurs hormono-dépendantes, on peut prescrire des traitements hormonaux qui auront un impact sur la fonction ovarienne. Ces traitements retarderont la possibilité de grossesse dans les années qui suivent un traitement pour cancer du sein.
À terme, un grand nombre de ces jeunes femmes retrouveront des cycles menstruels normaux et donc, la possibilité d’une grossesse.
Au-delà de l’aspect médical, c’est toute une vie qui se retrouve chamboulée par le cancer du sein chez la jeune femme (gérer une maternité pour les jeunes mamans, une vie professionnelle, amoureuse, sexuelle, difficultés d’emprunt, etc.).
Diagnostic complexe, tumeurs agressives, traitements lourds, possibilité d’infertilité, avoir un cancer du sein à moins de 30 ans peut être une véritable épreuve pour ces jeunes patientes, il est donc essentiel d’être suivie dans un institut regroupant toutes les disciplines médicales impliquées dans le traitement du cancer du sein pour affronter et vaincre ensemble la maladie.