Solutions pour atténuer le syndrome main-pied après une chimiothérapie du cancer du sein
Le syndrome main-pied est l’un des multiples effets secondaires pouvant survenir à la suite d’une chimiothérapie, un des traitements traditionnels du cancer du sein. Il s’agit d’un ensemble de symptômes pouvant varier d’une patiente à l’autre, et s’avérer plus ou moins sévères et gênants.
Bien que le syndrome main-pied soit sans gravité au sens strict, il peut être très inconfortable, voire handicapant, et impacter significativement la qualité de vie des patientes. Heureusement, il existe non seulement des solutions pour prévenir et soulager ce syndrome, mais c’est surtout un trouble réversible, qui disparaît peu à peu après la fin du traitement.
Le syndrome main-pied, qu’est-ce que c’est ?
Le syndrome main-pied, ou érythrodysesthésie palmo-plantaire, est un effet secondaire de la chimiothérapie, un traitement qui fait partie de l’arsenal thérapeutique couramment utilisé pour traiter le cancer du sein – et bon nombre d’autres cancers.
La chimiothérapie est un traitement systémique qui consiste à administrer au patient un cocktail de substances antitumorales par voie intraveineuse ou orale. Ces substances sont hautement toxiques pour les cellules cancéreuses, mais également pour les cellules saines de l’organisme, et plus particulièrement pour celles qui se divisent rapidement (racines capillaires, vaisseaux sanguins, peau, etc.).
Le syndrome main-pied se déclare lorsque certaines toxines utilisées au cours de la chimiothérapie s’accumulent dans les tissus de la paume des mains et de la plante des pieds, fragilisant alors les vaisseaux sanguins qui s’y trouvent. L’altération des vaisseaux sanguins est à même de provoquer différents types de lésions et d’inflammation cutanées, et on peut observer une variété de syndromes main-pied différents d’une patiente à un autre.
Toutefois, les symptômes typiques du syndrome main-pieds sont de nature similaire : il s’agit d’une fragilisation de la peau, entraînant notamment des tiraillements, des picotements et des douleurs superficielles. La peau est moins résistante aux petits chocs du quotidien, et la patiente peut vite cumuler les petites plaies et irritations en effectuant des gestes simples du quotidien (faire la vaisselle, se coiffer, marcher, etc.).
Le syndrome main-pied tend à évoluer selon trois stades :
- Lors du premier stade, on observe typiquement un œdème (gonflement), des rougeurs et une sécheresse.
- Le deuxième stade se manifeste par une inflammation légère. Elle se traduit par l’apparition de cloques et/ou d’érythème (plaques rouges) entraînant un inconfort modéré à prononcé.
- Au troisième stade, le syndrome main-pied devient douloureux et handicapant. Il se manifeste par de multiples lésions cutanées, cloques, brûlures et fourmillements.
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Prévenir le syndrome main-pied avant et pendant la chimiothérapie
Il est possible de prendre certaines mesures en amont d’un traitement de chimiothérapie pour prévenir l’apparition du syndrome main-pied efficacement. Une consultation chez un podologue et/ou un dermatologue 1 à 2 semaines avant le début du traitement permet de retirer les callosités susceptibles de favoriser les complications et de préparer la peau des mains et des pieds au traitement.
L’application d’une crème hydratante spécifique, idéalement recommandée par un dermatologue ou un podologue, est fortement conseillée. Elle doit préférentiellement être appliquée 2 à 3 fois par jour avant et pendant le traitement.
En prévision d’un traitement de chimiothérapie, il est également conseillé d’éviter toute activité pouvant fragiliser la peau. Évitez d’exposer vos mains et vos pieds au soleil, de faire le ménage sans gants ou de pratiquer une activité traumatisante pour ces zones, comme l’escalade.
Pendant la chimiothérapie, il peut être possible d’utiliser des chaussons et gants réfrigérés pour protéger les mains et les pieds de la chimiothérapie. Le froid peut en effet permettre d’éviter la fixation et l’accumulation des toxines – on utilise d’ailleurs parfois des casques réfrigérés pour limiter la perte des cheveux. N’hésitez pas à évoquer ces solutions avec votre équipe médicale afin de savoir si elles peuvent être indiquées dans votre situation.
Il existe également des chaussettes et des gants hydratants qui diffusent un gel spécifique pour protéger les pieds les mains durant la chimiothérapie.
Enfin, tout au long de votre traitement, préférez les douches tièdes, évitez de frotter vigoureusement lorsque vous vous lavez, utilisez un savon doux, portez des vêtements doux et bannissez la chaleur, l’exposition au soleil, les cosmétiques et produits ménagers agressifs, ainsi que les textiles irritants.
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Atténuer le syndrome main-pied après une chimiothérapie
Si, malgré toutes les précautions prises pour prévenir l’apparition du syndrome main-pied, celui-ci apparaît tout de même, la première chose à faire est de le signaler au plus vite à votre équipe médicale. Plus votre syndrome sera pris en charge précocement, dès les tout premiers signes d’irritation, moins il risque de s’aggraver et plus il sera facile à atténuer.
N’attendez surtout pas de souffrir ou d’être handicapé pour bénéficier d’un traitement : il est hautement préférable de consulter tôt, même si vos symptômes vous paraissent, pour l’heure, insignifiants.
En fonction de la sévérité de vos symptômes, de votre profil et de vos traitements contre le cancer du sein – notamment du type de chimiothérapie administrée – votre équipe médicale pourra proposer divers traitements pour contrôler et atténuer votre syndrome main-pied.
Des crèmes réparatrices hydratantes et cicatrisantes peuvent soulager efficacement les douleurs, les tiraillements, l’érythème et les sécheresses. Le froid est aussi souvent très efficace : vous pouvez utiliser de la glace pour atténuer les sensations de brûlure, et/ou faire tremper vos mains et vos pieds dans l’eau froide pendant 15 minutes plusieurs fois par jour.
Si ces solutions ne suffisent pas, des lotions kératolytiques et dermocorticoïdes pourront vous être prescrites, ainsi que des patchs de lidocaïne pour résorber les inflammations.
Le syndrome main-pied est un effet secondaire relativement courant de la chimiothérapie utilisée pour lutter contre le cancer du sein. Heureusement, il peut habituellement être pris en charge efficacement pendant et après le traitement. Pour maximiser l’efficacité de sa prise en charge et réduire ses impacts sur la qualité de vie des patientes, il est important de le traiter le plus tôt possible, avant qu’il ne s’aggrave.