Les douleurs neuropathiques post-traitements du cancer du sein : symptômes et traitement
Les traitements contre le cancer du sein, malgré leur efficacité indéniable dans la lutte contre cette maladie, peuvent engendrer des effets secondaires difficiles, parmi lesquels les douleurs neuropathiques occupent une place significative. Touchant près de 35 % des patientes, ces douleurs peuvent persister même après la fin des traitements. Elles représentent un défi tant pour les patientes que pour les professionnels de santé, et nécessitent une prise en charge spécifique.
Reconnaître les douleurs neuropathiques : les symptômes
Les douleurs neuropathiques, résultant de lésions du système nerveux, se manifestent par des symptômes divers et complexes.
Les patientes rapportent souvent des picotements, des fourmillements, ou encore des sensations d’engourdissement dans des zones spécifiques telles que les mains, les jambes, ou les pieds.
Certains décrivent des démangeaisons, des sensations de brûlure ou des décharges électriques, témoignant de la variété des sensations douloureuses associées à cette affection.
L’allodynie, une sensibilité exacerbée à des stimuli normalement indolores, est également courante, transformant un simple effleurement en une expérience douloureuse.
Ces symptômes, par leur intensité et leur caractère parfois imprévisible, peuvent considérablement impacter la qualité de vie des patientes atteintes de cancer du sein.
Les causes des douleurs neuropathiques liées au cancer du sein
Les traitements médicaux et chirurgicaux destinés à combattre le cancer du sein, tels que la chimiothérapie, la radiothérapie, et la chirurgie, peuvent endommager les nerfs et sont des causes fréquentes de douleurs neuropathiques. Ces traitements, bien que ciblant la maladie, peuvent affecter le système nerveux de manière collatérale, entraînant des douleurs dans des zones étendues ou spécifiques du corps.
Par ailleurs, la combinaison de ces traitements amplifie souvent le risque de développer de telles douleurs, ajoutant un fardeau supplémentaire aux défis déjà imposés par le cancer du sein.
Les modifications de la sensibilité, comme des réactions inhabituelles à la chaleur ou au froid, ainsi que des troubles de l’équilibre ou de la préhension, sont également des conséquences directes de ces atteintes nerveuses.
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Douleurs neuropathiques ou douleurs nociceptives : comment les différencier ?
La douleur peut se manifester de multiples manières, reflétant souvent la complexité des origines sous-jacentes qui la provoquent. Dans le contexte du cancer du sein et de son traitement, il y a deux types principaux de douleur : les douleurs nociceptives et les douleurs neuropathiques. La distinction entre ces deux types est cruciale, non seulement pour la compréhension des mécanismes conduisant à la douleur, mais aussi pour l’élaboration de stratégies de traitement efficaces.
Les douleurs nociceptives sont celles que nous éprouvons généralement en réponse à une blessure physique ou à une inflammation. Elles sont causées par l’activation de nocicepteurs, des capteurs de douleur spécifiques qui réagissent à des stimuli potentiellement dommageables. Ces douleurs servent d’alarme biologique, signalant au corps qu’une partie de celui-ci est en danger ou endommagée. Dans le cadre du cancer, elles peuvent être provoquées par la tumeur elle-même – par exemple, en exerçant une pression sur les organes environnants – ou par les effets de l’intervention chirurgicale et d’autres traitements destinés à éliminer les cellules cancéreuses.
Les douleurs neuropathiques découlent, quant à elles, d’une lésion ou d’une dysfonction des nerfs eux-mêmes.
Mais la particularité des douleurs liées au cancer réside dans leur capacité à être multimorphes, combinant les caractéristiques des douleurs nociceptives et neuropathiques. Cette combinaison, ou douleurs mixtes, peut se manifester soit par alternance, soit simultanément tout au long du parcours de soin, rendant la prise en charge encore plus difficile.
La gestion de ces douleurs mixtes demande l’intervention d’une équipe multidisciplinaire de professionnels de santé, incluant des médecins spécialistes de la douleur, des kinésithérapeutes, des infirmières spécialisées, des psychologues, des pharmaciens…
Douleurs neuropathiques : quel traitement ?
Face à cette problématique, diverses stratégies ont été développées pour offrir un soulagement efficace aux patientes.
La prise en charge médicamenteuse, notamment avec des antiépileptiques et des antidépresseurs, s’est avérée bénéfique dans la gestion de la douleur.
Pour des douleurs plus localisées, les patchs ou les injections de toxines botuliques représentent des alternatives prometteuses.
La neurostimulation électrique, qui utilise des impulsions pour masquer le signal douloureux, offre également une option non invasive.
Par ailleurs, la kinésithérapie, l’hypnose, la sophrologie ou la musicothérapie apportent un soutien considérable en aidant les patientes à mieux gérer leur douleur.
La photobiomodulation, une approche innovante utilisant la lumière pour ses effets antalgiques et anti-inflammatoires, émerge aussi comme une solution prometteuse, tant en prévention qu’en traitement des douleurs neuropathiques.
La gestion de la douleur peut parfois être complexe et nécessiter une approche pluridisciplinaire. Il est donc vivement recommandé aux patientes de parler ouvertement de leurs symptômes de douleur avec leur équipe de soins, car identifier précocement et traiter les douleurs neuropathiques est essentiel pour une récupération optimale et une bonne qualité de vie. La distinction entre douleurs nociceptives et neuropathiques, ainsi que la reconnaissance des douleurs mixtes, est très importante pour l’élaboration de stratégies thérapeutiques ciblées chez ces femmes atteintes de tumeurs mammaires.