La reconstruction de l’aréole et du mamelon après un cancer du sein
La reconstruction de l’aréole et du mamelon constitue l’étape finale de la reconstruction mammaire après un cancer du sein.
Cette opération vise à remodeler la poitrine pour lui rendre sa symétrie et son aspect naturel, souvent profondément altérés par les thérapies agressives nécessaires à la lutte contre le cancer.
Si l’objectif de la reconstruction du complexe aréolo-mamelonnaire est à portée esthétique et non curative, cette intervention n’en demeure pas moins un traitement à part entière du cancer du sein et s’avère, à ce titre, prise en charge par l’Assurance Maladie.
La reconstruction de l’aréole et du mamelon, qu’est-ce que c’est ?
Une opération de reconstruction vise à limiter le préjudice esthétique causé par une blessure, une maladie ou une intervention chirurgicale ayant altéré l’aspect du corps.
La reconstruction du mamelon et de l’aréole intervient généralement dans le cadre du traitement du cancer du sein, après une ablation chirurgicale d’une partie ou de la totalité des tissus mammaires.
Le mamelon est la région du sein qui forme un relief et d’où sort le lait. Il est constitué de fibres musculaires capables de se contracter.
L’aréole est une surface de tissus souvent plus foncée que la teinte de peau naturelle de la patiente, qui entoure le mamelon. Elle comprend des glandes sécrétant une substance huileuse qui permet de lubrifier le mamelon.
Si la chirurgie reconstructrice ne parvient généralement pas à redonner au corps son aspect originel, qui varie chez chaque individu, elle permet de lui rendre un aspect « normé ». Pour parvenir aux résultats escomptés, la chirurgie réparatrice peut s’étendre au-delà des limites de l’organe lésé.
Typiquement, dans le cadre de la reconstruction de l’aréole et du mamelon, les deux seins peuvent être remodelés pour obtenir une symétrie satisfaisante, même si un seul des deux organes a subi une mastectomie.
Le cancer du sein, le plus fréquent chez la femme en France, est une maladie particulièrement agressive qui exige une réponse thérapeutique tout aussi agressive pour offrir aux patientes les meilleures chances de guérison.
Dans ce contexte, la chirurgie mammaire, lorsqu’elle est possible (toutes les patientes ne peuvent pas en bénéficier), constitue un des traitements les plus efficaces, souvent envisagé en première intention.
Elle consiste à ôter chirurgicalement la tumeur cancéreuse logée dans l’organe mammaire, ainsi qu’une partie des tissus sains voisins, afin de laisser une marge de sécurité.
La chirurgie mammaire nécessaire à l’ablation de la tumeur laisse des séquelles esthétiques et fonctionnelles plus ou moins importantes en fonction de son ampleur.
Lorsque la tumeur est de petite taille et est décelée à un stade précoce de son évolution, une chirurgie conservatrice est souvent possible (mastectomie partielle ou tumorectomie). Dans ce cas, l’aréole et le mamelon sont parfois partiellement ou totalement conservés.
À l’inverse, les tumeurs présentant un volume important, situées à un stade avancé et/ou particulièrement agressives, exigent souvent une ablation totale du sein (mastectomie totale), aréole et mamelon compris.
Si la reconstruction du mamelon et de l’aréole permet d’atténuer les séquelles physiques, les séquelles fonctionnelles sont généralement irréversibles, et le sein reconstruit est souvent insensible et ne permet pas d’allaiter.
Que la patiente ait subi une mastectomie totale ou partielle, elle a toujours le droit de bénéficier d’une reconstruction mammaire lorsqu’elle est possible, intervention qui fait pleinement partie du traitement de sa maladie.
Le recours à une chirurgie réparatrice n’a toutefois rien d’obligatoire, et relève du choix personnel de la patiente. Pour prendre une décision éclairée, celle-ci doit être correctement informée par son équipe médicale quant aux bénéfices et inconvénients de la reconstruction mammaire.
Techniques de reconstruction de l’aréole et du mamelon après un cancer du sein
La reconstruction de l’aréole et du mamelon est une opération chirurgicale qui intervient dans le dernier temps de la reconstruction du sein, une fois que ce dernier a retrouvé un volume et une forme satisfaisants.
Généralement, il convient d’attendre deux à trois mois après la reconstruction du sein pour reconstruire le mamelon et l’aréole.
Ce délai est nécessaire pour s’assurer que l’organe mammaire a retrouvé un aspect relativement définitif, celui-ci pouvant varier à la suite des premières opérations de reconstruction et au cours de la cicatrisation des différents tissus.
De fait, puisque la reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire doit permettre aux seins de retrouver leur symétrie, il est essentiel que leur forme n’évolue plus par la suite, afin que les nouveaux mamelons soient centrés et bien positionnés.
Il existe un vaste éventail de techniques de reconstruction du mamelon et de l’aréole. Les deux méthodes les plus répandues sont la greffe et le tatouage.
La greffe est une intervention plus lourde que le tatouage, mais elle offre des résultats plus naturels et plus convaincants.
Pour l’aréole, les tissus greffés sont généralement prélevés au niveau de l’aine (partie haute de l’intérieur de la cuisse), car la peau y est souvent un peu plus foncée que sur le reste du corps.
Pour reconstruire le mamelon, il est possible de prélever une partie du mamelon controlatéral lorsqu’il est suffisamment volumineux, ou bien d’utiliser la peau du sein reconstruit, qui est découpée et enroulée pour former un relief.
Le tatouage permet de redessiner l’aréole et le mamelon, créant ainsi un résultat « trompe l’œil » à l’aide de jeux d’ombre et de lumière.
Aujourd’hui, le résultat est souvent moins réaliste qu’une reconstruction par greffe, mais les techniques ne cessent de s’améliorer pour offrir un panel de teintes toujours plus étendu et des dessins en 3D toujours plus aboutis.
Il convient de noter que les résultats sont généralement bien plus satisfaisants lorsque le tatouage est réalisé par un artiste tatoueur que par un chirurgien, une solution plus répandue outre-Atlantique, mais encore rarement proposée en France.
Déroulement et soins postopératoires de la reconstruction de l’aréole et du mamelon
Le déroulement de l’intervention nécessaire à la reconstruction de l’aréole et du mamelon dépend de la technique utilisée.
Dans le cas d’une reconstruction par greffe, l’opération dure en moyenne 20 à 30 minutes, et se fait sous anesthésie générale. Une anesthésie locale peut être envisagée en cas de reconstruction du mamelon par lambeau local.
Les soins postopératoires sont légers et réalisés par la patiente à son domicile. Le pansement permettant de maintenir la greffe est ôté au bout de 5 à 7 jours au cours d’une visite de contrôle avec le chirurgien, et il faut attendre une vingtaine de jours pour obtenir une cicatrisation finale.
Lorsqu’il s’agit d’une reconstruction par tatouage, l’anesthésie n’est pas nécessaire. La durée de l’intervention varie en fonction de la précision et du détail du dessin réalisé.
Les soins postopératoires se limitent généralement à protéger le tatouage des frottements et à appliquer une lotion désinfectante sur la zone tatouée dans les jours qui suivent l’intervention.
Bon nombre de femmes hésitent encore à se faire reconstruire après un cancer du sein, bien souvent par manque d’informations quant aux modalités des différentes interventions envisageables et à leur prise en charge par l’Assurance Maladie.
Pourtant, l’impact de la reconstruction du mamelon et de l’aréole sur le bien-être psychologique des patientes s’avère non négligeable, et tend même à impacter leur capacité à surmonter l’épreuve du cancer et à retourner à une vie normale.
SOURCE :