Le Tisotumab vedotin – Un nouveau médicament contre les cancers des ovaires et du col de l’utérus
Une étude publiée en février 2019 dans The Lancet Oncology démontre l’efficacité d’un nouveau traitement qui pourrait marquer une grande avancée dans la lutte contre les cancers de l’ovaire et du col de l’utérus à un stade avancé.
Le médicament qui fait l’objet de cette étude, le Tisotumab vedotin, a en effet donné des résultats spectaculaires en agissant à la façon d’un Cheval de Troie sur les tumeurs ne répondant pas aux traitements classiques.
Encore en phase de test, le Tisotumab Vedotin pourrait à l’avenir permettre de traiter un grand nombre de tumeurs solides, particulièrement difficiles à soigner avec les protocoles de traitements actuels.
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Le cancer des ovaires et du col de l’utérus au stade avancé
L’étude du cancer de chaque patient permet d’évaluer le stade de la maladie à travers la taille de la tumeur décelée, les parties du corps atteintes par les cellules cancéreuses et l’étendue de leur propagation à travers l’organisme.
La stadification du cancer permet à l’équipe médicale d’établir un pronostic et un protocole de traitement personnalisé.
Plus le stade du cancer est avancé, plus le risque d’échec du traitement est élevé, et plus le pronostic du patient est sombre.
Les cancers de stades avancés sont souvent propagés aux ganglions lymphatiques ou à d’autres régions du corps.
Un mécanisme révolutionnaire pour traiter les tumeurs solides à un stade avancé
Le Tisotumab vedotin a été testé sur des tumeurs solides, un type de cancer constitué d’un amas de cellules localisé.
La majorité des cancers sont des tumeurs solides, qui se distinguent des cancers sanguins dont les cellules sont dispersées dans l’organisme à travers le sang et/ou la lymphe.
Le Tisotumab vedotin est composé d’une molécule cytotoxique – la monométhylauristatine E – fixée à un anticorps monoclonal ciblant un récepteur présent en grande quantité sur les cellules cancéreuses des tumeurs avancées.
Lorsque l’anticorps se lie au récepteur ciblé – nommé « facteur tissulaire » – la molécule cytotoxique infiltre la cellule cancéreuse dans l’optique de lui causer des lésions létales.
À défaut de parvenir à détruire systématiquement les cellules tumorales, le Tisotumab vedotin peut les abîmer suffisamment pour les empêcher de continuer à se reproduire, empêchant de fait leur prolifération et l’évolution du cancer.
Ce mode d’action inédit dans la lutte contre le cancer devrait pouvoir permettre de traiter un grand nombre de cancers, sans se limiter à celui des ovaires ou de l’utérus.
Il s’adresse, de plus, aux patients dont les cancers ne répondent pas aux thérapies classiques, et dont le pronostic vital est fortement engagé.
Des résultats prometteurs dans le traitement des tumeurs de l’ovaire et de l’utérus
À l’heure actuelle, l’utilisation du Tisotumab vedotin en est encore aux essais cliniques, au cours desquels il a montré des résultats prometteurs.
Les essais cliniques se déroulent habituellement en quatre phases :
- La phase I vise à étudier l’innocuité du traitement pour l’humain et à étalonner les dosages ;
- La phase II permet de démontrer l’efficacité du traitement et son rapport bénéfices/risques ;
- La phase III vient comparer les résultats obtenus avec ceux des traitements traditionnels afin d’évaluer l’intérêt du protocole testé ;
- La phase IV finalise l’étude du traitement testé une fois celui-ci approuvé, notamment afin de déterminer précisément l’étendue de ses effets secondaires et les limites de ses usages.
Le Tisotumab vedotin a été testé en phase I sur de multiples cancers, et en phase II sur les cancers de l’ovaire et de l’utérus, à titre de traitement de deuxième intention.
Il a obtenu des résultats encourageants sur 6 types de cancers : cancer de la vessie, cancer de l’œsophage, cancer du poumon, cancer de l’endomètre, cancer de l’ovaire et cancer du col utérin.
Les essais cliniques ont mis en évidence une réponse moyenne de 5.7 mois des tumeurs solides au Tisotumab vedotin, atteignant même 9.5 mois chez certains sujets.
Les résultats des essais cliniques ont donné lieu à une diminution de la taille des tumeurs ou à un arrêt de la croissance du cancer traité.
Les essais doivent encore se poursuivre, notamment afin d’étalonner les dosages pour équilibrer l’apparition d’effets secondaires dangereux.
Car bien qu’il soit prometteur, le Tisotumab vedotin demeure, pour l’heure, une thérapie agressive qui provoque des effets secondaires allant d’une simple fatigue à des troubles oculaires, saignements de nez et apparition d’un diabète de type II.
Avec un taux de réussite de 15% dans le traitement des cancers de l’ovaire de stade avancé, il reste néanmoins un des meilleurs espoirs de la recherche en la matière et pourrait définitivement changer la donne dans la lutte contre le cancer.
(SOURCE : https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(18)30859-3/fulltext#seccestitle10 )