Grossesse et cancer de l’utérus : quel est l’impact des traitements sur la fertilité ?
Avec un âge moyen au diagnostic de 69 ans, le cancer de l’utérus, ou cancer de l’endomètre, concerne habituellement la femme ménopausée. Chez ces patientes, la question de la préservation de la fertilité ne se pose pas, car l’appareil reproducteur n’est déjà plus fonctionnel.
La problématique de la fertilité devient pertinente chez les 5 % à 10 % de patientes atteintes d’un cancer de l’utérus qui sont encore en âge de procréer et ont un désir de grossesse.
Alors que la prise en charge traditionnelle d’un cancer de l’utérus provoque une infertilité irréversible, des thérapies conservatrices visant à préserver la fertilité peuvent être envisagées chez ce panel de patientes.
Impacts des traitements classiques du cancer de l’utérus sur la fertilité
Le traitement de première intention du cancer de l’utérus est une chirurgie oncologique consistant en l’ablation complète de l’utérus (hystérectomie) et des organes avoisinants, à savoir les ovaires et les trompes de Fallope (salpingo-ovariectomie).
C’est tout l’appareil reproducteur féminin, absolument indispensable à toute grossesse, qui est ainsi enlevé de l’organisme. L’intervention provoque donc inéluctablement une infertilité irréversible.
Ce type de chirurgie, dite radicale, vise à ôter une marge importante de tissus sains autour de la tumeur, afin de réduire les risques de laisser dans l’organisme des cellules cancéreuses éparses, en quantité trop infime pour être localisées, qui pourrait s’être détachées et éloignées de la tumeur.
Pour cause, la présence de ces cellules résiduelles dans l’organisme risquerait de provoquer une récidive de la maladie, qui serait alors plus difficile à traiter et s’associerait donc à un pronostic plus réservé.
Chez la femme ménopausée, la chirurgie radicale permet de réduire drastiquement les risques de récidive sans impact à long terme sur la qualité de vie des patientes, car l’intervention ne concerne que des organes devenus naturellement non fonctionnels avec l’âge.
La femme non ménopausée, et notamment celle qui exprime un désir de grossesse, la question de l’impact d’une chirurgie radicale sur la qualité de vie doit être mise en balance avec le degré de risque de récidive.
Lorsque la tumeur décelée est peu agressive (de bas grade) ou diagnostiquée à un stade précoce, il peut être pertinent d’envisager d’autres alternatives thérapeutiques dites conservatrices, qui visent à préserver l’utérus.
Grossesse post cancer de l’utérus : quels sont les traitements conservateurs pour préserver la fertilité?
Il est important de noter qu’à l’heure actuelle, le traitement de référence du cancer de l’utérus demeure la chirurgie radicale, quels que soient l’âge et le statut de la patiente.
Toutefois, avec l’âge de la première grossesse qui ne cesse de reculer et les avancées de la médecine oncologique qui permettent de développer des traitements de moins en moins lourds, il est possible que le recours au traitement conservateur se démocratise dans les années à venir.
Traitement conservateur du cancer de l’utérus : pour quelles patientes ?
Le traitement conservateur du cancer de l’utérus est uniquement indiqué chez les femmes non ménopausées avec un désir et un espoir réel de grossesse.
Chez toutes les autres patientes, les bénéfices de la chirurgie radicale, qui aboutit fréquemment à une rémission complète du cancer, sont hautement supérieurs aux impacts du retrait de l’utérus sur la qualité de vie.
Malgré cet état de fait, toute patiente a le plein droit de faire valoir ses volontés et de refuser une chirurgie radicale au profit d’un traitement conservateur dans le cadre de la prise en charge de son cancer.
C’est toutefois une décision qui ne doit pas être prise à la légère, et dont les conséquences sur l’espérance de vie peuvent être lourdes. Il est important d’en discuter avec votre équipe médicale pour en maîtriser toutes les implications.
Traitement conservateur du cancer de l’utérus : pour quelles tumeurs ?
Les tumeurs de l’endomètre pouvant bénéficier d’un traitement conservateur sont typiquement les lésions peu agressives, à l’étendue très limitée (stade précoce) et sensibles aux traitements hormonaux.
En effet, en l’absence de chirurgie radicale, l’hormonothérapie devient le pilier de la prise en charge des tumeurs de l’endomètre. Il faut donc que la tumeur possède des récepteurs hormonaux qui permettront à l’hormonothérapie d’agir sur sa croissance.
En définitive, les tumeurs éligibles à un traitement conservateur devraient être de stade I, de faible grade, positives aux récepteurs RE et RP, exprimant la protéine blc-2 et présentant un faible index de prolifération.
À l’inverse, les cancers de l’utérus présentant une invasion du myomètre (muscle utérin), un envahissement des ganglions ou une surexpression du gène P53 ne sont pas de bons candidats à un traitement conservateur.
Le risque de récidive ou de prolifération du cancer hors de l’utérus, ce qui rendrait par la suite la maladie difficile à traiter et assombrirait le pronostic de la patiente, est significatif.
Grossesse et cancer de l’utérus : Quels traitements conservateurs pour conserver la fertilité ?
Lorsqu’un traitement conservateur est mis en œuvre, il s’agit habituellement d’une résection locale de la tumeur par hystéroscopie, associée à une hormonothérapie et à une surveillance stricte.
L’hystéroscopie est une chirurgie mini-invasive qui consiste à introduire une petite caméra filaire et des outils chirurgicaux à travers le col de l’utérus pour atteindre la tumeur sans procéder à une chirurgie ouverte.
Elle permet une récupération rapide, réduit les risques de complications et évite de traumatiser fortement les tissus de l’utérus afin de préserver au mieux toutes ses qualités et sa capacité à supporter une future grossesse.
L’hormonothérapie associée à la tumorectomie par hystéroscopie vise à supprimer les hormones sexuelles (œstrogène) agissants comme des facteurs de croissance sur la tumeur.
Une surveillance stricte est associée au traitement conservateur du cancer de l’utérus afin de vérifier l’absence d’évolution défavorable.
Dans 78 % des cas, ce traitement permet d’obtenir une rémission complète de la tumeur au bout de 3 à 12 mois de traitement.
Avec un taux de récidive d’environ 30% à 2 ans, la rémission n’est pas toujours durable, il est donc recommandé de chercher à obtenir une grossesse rapide (à l’aide d’assistance médicale besoin).
Environ 32% des patientes qui bénéficient d’un traitement conservateur du cancer de l’utérus concrétisent leur projet de grossesse.
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