La relation entre endométriose et cancer de l’ovaire
L’endométriose est une maladie de l’appareil génital féminin qui suscite un intérêt croissant du secteur de la santé, après être restée sous silence des décennies durant. Aujourd’hui, de nouvelles études suggèrent qu’elle pourrait avoir un lien génétique avec le cancer de l’ovaire, s’affirmant même comme un facteur favorisant – au demeurant relativement faible.
Si la corrélation entre l’endométriose et les risques de développer un cancer de l’ovaire semble relativement peu significative, cette découverte marque surtout une avancée majeure en oncogénétique laissant présager de nouveaux progrès dans l’élaboration de thérapies ciblées contre le cancer.
L’endométriose, qu’est-ce que c’est ?
L’endométriose est une maladie complexe, encore mal connue et délicate à traiter du fait de l’intérêt tout récent du secteur de la santé à son égard. Elle se définit par la présence de muqueuse utérine à l’extérieur de l’utérus. Les cellules de la muqueuse utérine vont alors coloniser les organes voisins (ovaires, trompes de Fallope, vessie, vagin, intestins,etc.), tout en demeurant sensibles aux variations hormonales.
L’endométriose est à même de provoquer de fortes gênes et des douleurs très invalidantes, voire une infertilité. À l’heure actuelle, le traitement des formes superficielles est habituellement efficace, mais la prise en charge des formes graves est peu satisfaisante. Contrairement au cancer, auquel elle peut ressembler du fait de sa propension à s’étendre et à coloniser différents organes voisins, l’endométriose est une maladie bénigne au sens où elle ne met pas les jours de la patiente en danger. Elle peut toutefois être fortement handicapante et très douloureuse.
Le cancer de l’ovaire, qu’est-ce que c’est ?
Le cancer de l’ovaire est une tumeur maligne qui se développe à partir des cellules des tissus ovariens. Comme toutes les pathologies cancéreuses, le cancer de l’ovaire se caractérise par son évolution incontrôlable et anarchique.
Les cellules cancéreuses forment d’abord une masse locale (tumeur), puis s’infiltrent aux tissus alentour, colonisent les organes voisins (trompes de Fallope, utérus, etc.) et forment des métastases qui voyagent tout l’organisme et envahissent des organes lointains (poumon, cerveau, foie, etc.).
Contrairement à l’endométriose, le cancer de l’ovaire menace le pronostic vital des patientes. Typiquement, plus un cancer est traité tôt, avant qu’il ne devienne envahissant, plus les traitements sont efficaces, et meilleur est le pronostic de la patiente.
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L’endométriose et le cancer de l’ovaire : un lien génétique
Dans une nouvelle étude publiée en mars 2022, des chercheurs australiens de l’université de Queensland ont mis en évidence l’existence d’un lien génétique entre l’endométriose et certains cancers de l’ovaire. En d’autres termes, certaines femmes atteintes d’endométriose présenteraient les mêmes marqueurs génétiques que certaines femmes atteintes de cancers de l’ovaire. Ces marqueurs génétiques feraient office de facteurs favorisants, à la fois dans la survenue de l’endométriose et dans l’apparition de certains cancers épithéliaux, dont, notamment, le cancer de l’ovaire à cellules claires.
Cette découverte pourrait impacter la surveillance des femmes considérées comme « à risque » de développer un cancer de l’ovaire, ce qui permettrait d’établir un protocole de dépistage plus adapté, afin de dépister et de traiter le cancer de l’ovaire précocement. L’augmentation du risque de développer un cancer de l’ovaire demeure toutefois modérée, passant de 1 une femme sur 76 au sein de la population saine à 1 une femme sur 55 au sein de la population atteinte d’endométriose.
Aussi, cette étude pourrait surtout faire avancer le futur de la prise en charge des cancers en général, car elle ouvre la voie à une meilleure compréhension de la pathologie cancéreuse et de ses mécanismes de développement. De fait, aujourd’hui la cause de la plupart des cancers demeure inconnue ou mal connue. Si l’on sait depuis longtemps que des facteurs génétiques peuvent favoriser l’apparition de certains cancers, les gènes en cause ne sont pas toujours identifiés, et les mécanismes régissant leurs mutations et expressions ne sont pas systématiquement élucidés.
Or, l’identification des gènes à l’origine de cancers permet d’en faire des cibles thérapeutiques au travers de l’élaboration de traitements ciblés, plus efficaces et moins lourds, pressentis pour dessiner l’avenir de la lutte contre le cancer. La compréhension des mécanismes d’expression de ces gènes et des causes de leurs mutations pourrait aussi jouer un rôle considérable dans la prévention des pathologies cancéreuses.
La découverte d’un lien génétique entre le cancer de l’ovaire et l’endométriose pourrait ressembler à une mauvaise nouvelle, mais c’est en réalité une avancée scientifique d’importance, qui pourrait s’accompagner de progrès considérables dans la prise en charge et le dépistage du cancer.
Ce type d’avancée scientifique constitue en effet le fondement de l’élaboration de nouvelles thérapies ciblées, des traitements plus précis, plus efficaces contre les cellules cancéreuses et moins destructeurs pour les cellules saines.
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